À l'issue de sa visite au Centre pénitentiaire de rééducation de Kinshasa (CPRK), prison Makala, le ministre d'État, ministre de la Justice et Garde des Sceaux, Constant Mutamba, a réaffirmé sa détermination à désengorger cette maison carcérale, marquée par la surpopulation des détenus. Pour y parvenir, il a annoncé pour bientôt, l'émission d'une circulaire interdisant aux magistrats de parquet de transférer des prévenus à Makala, sauf pour des cas plus graves.
"L'ambition pour moi est de pouvoir désengorger de moitié. Chaque semaine, je signerai des arrêtés de libération conditionnelle. En même temps, je vais signer une circulaire pour que les magistrats de parquet ne transfèrent plus tous les prévenus à la prison de Makala. Il est possible que par des amendes transactionnelles, certains litiges soient réglés à partir des cachots. C'est ce que nous allons donner comme instruction, et désormais, le transfert à Makala et ailleurs sera réservé aux cas graves", a déclaré Constant Mutamba.
Toutefois, le ministre reconnaît que la surpopulation dans cette maison carcérale est également due à la croissance démographique de Kinshasa, contrairement aux années antérieures.
"Il faut dire qu'initialement, la prison de Makala a été construite pour accueillir 1 500 prisonniers, mais c'était à l'époque où Kinshasa comptait 2 millions d'habitants, puis 3 millions. Aujourd'hui, Kinshasa compte environ 15 millions d'habitants, et il est donc normal que la démographie carcérale ait augmenté. Ce que nous faisons, c'est de voir comment désengorger drastiquement pour nous permettre de réhabiliter la prison en profondeur et, pendant ce temps, construire une autre prison. Nous avons déjà identifié un nouveau site où nous allons construire une autre prison moderne", a rassuré le Garde des Sceaux de la République Démocratique du Congo.
Des vidéos troublantes de l’intérieur du Centre pénitentiaire et de rééducation de Kinshasa (CPRK) ont été partagées le week-end dernier par le journaliste Stanis Bujakera Tshiamala, directeur de publication adjoint de ACTUALITE.CD et correspondant de Jeune Afrique en RDC. Ces images inédites ont été documentées pendant sa détention de près de 7 mois au sein de cette maison carcérale.
L’hébergement est marqué par la surpopulation, entraînant des décès fréquents par étouffement et diverses maladies. Les prisonniers dorment perchés sur les latrines, et des repas maigres et de mauvaise qualité sont servis une seule fois par jour, entre 17 et 18 heures. La cuisine, faite au feu de bois, doit nourrir 15 000 personnes, et il n'y a pas d'eau potable au robinet. Les prisonniers font leurs besoins naturels à l'air libre, les latrines étant hors service ou inutilisables par manque d'eau. Les conditions réelles de détention dans la prison de Makala sont alarmantes et affreuses.
La plus vaste prison de la capitale congolaise, avec une capacité d’accueil théorique de 1 500 détenus, est située dans la commune de Selembao, à proximité de Makala, Bumbu, Ngiri-Ngiri et Bandalungwa. La prison de Makala héberge une population carcérale très diversifiée, composée de détenus en détention provisoire et de condamnés, de civils et de militaires, d’adultes, hommes et femmes, et de mineurs.
Depuis plusieurs décennies, la surpopulation chronique représente le principal défi pour la prison de Makala et le système carcéral congolais dans son ensemble. La capacité d'accueil initiale de 1 500 détenus est largement dépassée, avec dix fois plus de détenus que prévu depuis sa construction sous la colonisation. Les onze pavillons de la prison, dont un réservé aux femmes, abritent actuellement plus de 15 000 détenus.
Clément MUAMBA