Il y a 33 ans de cela, le 24 avril 1990, le président du Zaïre qui deviendra 7 ans plus tard la République démocratique du Congo, Mobutu Sese Seko, décrète la fin du monopartisme. C'est le début d'un long processus de démocratisation. 33 ans après cette date, on reconnaît qu'il y a eu des avancées significatives, mais aussi des ratés.
Les 33 dernières années ont notamment été marquées par trois transitions et trois cycles électoraux. La première transition, sous la présidence de Mobutu, a duré sept ans. Cette transition s'est ouverte au moment où s'effondrait le bloc de l'Est sous la pression de la perestroïka et que le vent de la démocratie soufflait sur les pays de l'Afrique sub-saharienne.
Un forum national appelé Conférence nationale souveraine (CNS) a été organisé de 1990 à 1992 réunissant les représentants de toutes les couches de la population congolaise vivant au pays et à l'étranger pour trouver des solutions aux problèmes de développement auxquels le zaïre d'alors était confronté. Etienne Tshisekedi sera élu Premier ministre dans ce forum, mais ne réussira pas à achever son mandat à cause des conflits récurrents qui l'opposaient au président Mobutu.
La CNS a fini par laisser la place au Haut conseil de la République-Parlement de transition (HCR-PT) dont les animateurs étaient issus de la CNS.
La première transition a pris fin le 17 mai 1997. Ce jour-là, Laurent-Désiré Kabila, déjà maquisard dans les années 60, met fin aux trente deux ans de règne sans partage de Mobutu. La rébellion qu'il menait depuis octobre 1996 a bénéficié de l'appui de nombreux pays de l'Afrique des Grands Lacs.
Un an après son accession au pouvoir, les anciens alliés de Kabila lancent une nouvelle guerre dans l'est de la RDC en août 1998. Le pays est divisé en trois zones. Kabila meurt assassiné en janvier 2001, sans avoir eu le temps d'organiser les élections.
Joseph Kabila, son successeur, va ranimer les négociations de paix avec les belligérants. Un autre forum, le dialogue inter congolais, est organisé en Afrique du Sud. Une nouvelle transition de deux ans est entamée en juin 2003. Joseph Kabila est assisté de quatre vice-présidents dont deux ex-chefs rebelles, un opposant et un allié.
Prévue pour s'achever en juin 2005, la transition est prolongée d'une année. Le premier tour des élections présidentielles et législatives couplées est organisé le 30 juillet 2006, mettant fin aux différentes transitions lancées en 1990.
Trois cycles électoraux
En 33 ans, la République démocratique du Congo a organisé trois cycles électoraux : en 2006, 2011 et 2018.
Joseph Kabila remporte la présidentielle de 2006 avant d'être réélu 5 ans plus tard, soit le 28 novembre 2011, face à Etienne Tshisekedi, pour un second mandat. Ces élections n'ont pas reflété la vérité des urnes, selon l'Eglise catholique à travers le Cardinal Laurent Monsengwo Pasinya.
Joseph Kabila prête serment le 21 décembre 2011, Etienne Tshisekedi se lance dans le même exercice le 23 du même mois, soit deux jours plus tard. Chacun se réclame président élu. Un bicéphalisme s'observe, quelques députés nationaux, à l'instar d'Eugène Diomi Ndongala, ou encore Maweja, renoncent à leurs mandats de députés nationaux, estimant que c'est Etienne Tshisekedi qui a remporté haut la main cette course à la magistrature suprême.
Il fallait attendre 2018 pour que Félix Tshisekedi soit élu président de la République, lors du troisième cycle. Aujourd'hui, à quelques mois du quatrième cycle électoral, la République démocratique du Congo est minée par une guerre injuste lui imposée par le Rwanda, avec la complicité de quelques pays de la communauté internationale dont le silence surprend la planète entière, alors que leur attitude était toute autre lorsque la Russie a attaqué l'Ukraine.
Des ratés
Aujourd'hui, parmi les ratés, plusieurs Congolais regrettent que le processus démocratique tel que cela a été initié par la Conférence nationale souveraine n'ait pas été capitalisé. Pour eux, l'un des principaux ratés du processus de démocratisation lancé il y a 33 ans est le non respect des acquis de la Conférence nationale souveraine (CNS).
D'autres épinglent les guerres qui ont émaillé ces dernières années. Car, selon eux, la guerre interrompt le processus électoral, précisant que les contestations permanentes n'ont pas fait avancer la démocratie.
Pour d'autres encore, le non-respect des droits de l'homme a également caractérisé ce pays depuis la fin du monopartisme. Arrestations arbitraires, enlèvements, séquestrations, détentions illégales… ont porté une véritable entorse à la démocratie.
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