La République démocratique du Congo (RDC) fête ce lundi 30 juin 2025 le 65eme anniversaire de son accession à l’indépendance. Cette célébration intervient au moment où une partie du territoire nationale est occupée par la rébellion de l’AFC-M23, avec le soutien du Rwanda.
Les combats violents se poursuivent dans certaines cités du Nord et Sud-Kivu ainsi que de l’Ituri, avec leur lot de déplacements massifs, d’exactions, de pillages… Pendant ce temps, des pourparlers se poursuivent sur trois fronts pour tenter de résoudre diplomatiquement la crise, sous l’église de Washington, Doha et de l’Union africaine. A quelques heures de la célébration de son indépendance, la RDC a signé un accord de paix jugé historique avec le Rwanda vendredi 27 juin à Washington aux Etats unis d'Amérique, sous l'égide de l'administration Trump.
Il y a 65 ans à la table ronde de Bruxelles
Le 30 juin 1960, quatre personnalités politiques, les deux Premiers ministres belge et congolais, Gaston Eyskens et Patrice Lumumba, et leurs ministres des Affaires étrangères respectifs, Pierre Wigny et Justin-Marie Bomboko, signent l’acte de l’indépendance du Congo. Il s’agit d’une déclaration conjointe entre les gouvernements congolais et belge entérinant l’accession de l’ex-colonie belge à la souveraineté internationale.
Une page d’histoire :
- Le vent de l’indépendance souffle sur l’Afrique
Au lendemain de la seconde guerre mondiale, les mouvements indépendantistes commencent à se structurer en Afrique. Les protestations contre le système colonial vont croissant.
Dans la foulée, les anciennes métropoles accordent progressivement l’indépendance à leurs colonies : l’Italie à la Libye (en 1951), la Grande Bretagne à l’Egypte (en 1953), la France au Maroc et la Tunisie (en 1956).
Sentant venir ce vent, Joseph van Bilsen, commissaire du roi des Belges à la Coopération au développement publie en 1955 une étude intitulée « Plan de 30 ans pour l'émancipation politique de l'Afrique belge ». Il propose donc un plan de 30 ans pour l’émancipation du Congo Belge et du Rwanda-Burundi, les deux colonies belges d’Afrique centrale.
- Le manifeste de la Conscience africaine, première déclaration politique des Congolais
Ce plan fera réagir, d’abord l’administration coloniale belge qui accusera Van Bilsen de trahison ; ensuite deux organisations des autochtones : la Conscience africaine et l’Alliance des Bakongo (ABAKO).
La Conscience africaine est une association des jeunes évolués congolais créée par un prêtre diocésain, l’abbé Joseph Malula. Ce groupe composé notamment de Joseph Ileo, Albert Nkulu, Dominique Zangadie, Antoine Ngonza et Victor Djoli publiera en 1956 en réaction au plan de 30 ans de Van Bilsen un article intitulé : « Manifeste » dans le bimensuel « la Conscience africaine », qu’ils avaient créé.
Dans cet article, la Conscience africaine demande notamment à l’administration coloniale d’adhérer au plan de 30 ans de Van Bilsen pour une indépendance progressive et d’être associée à la rédaction de ce plan.
- Déclaration des évêques du Congo
Dans la foulée, les évêques catholiques, la plupart blancs, entrent dans la danse. Le 29 juin 1956, ils sortiront une déclaration dans laquelle ils soutiennent que « l’émancipation d’un peuple est un droit légitime » et affirment que « chaque peuple a le droit d’être émancipé ».
Ils condamnent également le racisme sous toutes ses formes. Pour lier la parole à l’acte, ils sacrent successivement Pierre Kimbondo, Kongolo et Joseph Malula, trois abbés d’origine congolaise, évêques.
- Déclaration de l’ABAKO
Les deux précédentes déclarations feront finalement réagir, l’Alliance des Ba Kongo, une association des évolués d’origine Kongo, qui revendiquaient le leadership dans Léopoldville (actuelle Kinshasa). Au terme d’une assemblée générale extraordinaire convoquée le 16 juillet 1956 pour la circonstance, le leader de l’ABAKO Joseph Kasa-Vubu, au nom de l’association, rejette totalement le plan de 30 ans de Van Bilsen et réclame l’émancipation immédiate.
- Le déclic du 4 janvier 1959
Le 4 janvier 1959, des émeutes éclatent à Léopoldville après que les autorités coloniales ont interdit aux membres du parti politique ABAKO de manifester. Cette révolte populaire va durer trois jours.
La répression est très violente. Le bilan officiel est de quarante-neuf morts. Mais d'autres sources, notamment celles de l'ABAKO parlent de centaines de morts.
- La date de l’indépendance à la Table Ronde
Ces mouvements de résistance aboutissent à l’organisation de la Table ronde de Bruxelles du 20 janvier au 21 février 1960. Ce forum regroupe dans la capitale belge l’élite congolaise, les chefs coutumiers de l’époque et le Gouvernement belge.
Au début des travaux, deux options contradictoires émergent. Le ministre belge des colonies tient à ce que la table ronde définisse les structures politiques, analyse les problèmes politiques qui se posent dans la colonie et mette sur pied un calendrier d’exécution. Our sa part, la majorité de l’élite congolaise estime qu’il faut d’abord fixer la date de l’indépendance.
Sur ce point, les Congolais avancent la date du 1er juin 1960. Les Belges proposent d’abord le 15 juillet 1960. Finalement, la poire est coupée en deux : la date du 30 juin est retenue par toutes les parties. Jean Bolikango, l’un des pères de l’indépendance, annonce le 27 janvier 1960 à Bruxelles que l’indépendance du Congo sera proclamée le 30 juin 1960.
Les premières élections législatives nationales ont lieu du 11 au 25 mai 1960. Elles mettent en compétition les candidats des 40 partis politiques, précise Pamphile Mabiala dans son livre « Les élections dans l’histoire politique de la RDC de 1957 à 2011 », publié à Kinshasa aux éditions MediasPaul.
Au terme de ces élections, le MNC de Patrice Emery Lumumba et ses alliés sortent vainqueur, et Lumumba est désigné Premier ministre.
De son côté, Joseph Kasa-Vubu est largement élu au suffrage indirect par le premier Parlement congolais comme le premier président de la jeune République du Congo, face à Bolikango.
- La Proclamation de l’indépendance du Congo à Léopoldville

Photo primature
Le 30 juin 1960, les cérémonies de la proclamation de l’indépendance débutent à 11h45. Arrivé la veille dans ce qui était encore la capitale du Congo-Belge pour l’occasion, le roi des Belges rend hommage à « l’œuvre conçue par le génie du roi Léopold II et continuée avec persévérance par la Belgique ».
L’allocution suivante, prononcée par Joseph Kasa-Vubu, le chef du nouvel État congolais, est ressentie comme une offense par les nationalistes congolais.
Au lieu de célébrer l’émancipation de son peuple, le tout nouveau président de la République rend un hommage appuyé à l’ancienne métropole.
Le chef du Gouvernement, Patrice Emery Lumumba, se sent alors dans l’obligation d’intervenir alors que le protocole ne l’avait pas prévu. Il prononce des paroles qui entreront dans l’histoire et qui indiquent que c’est plutôt par la lutte que les Congolais ont conquis leur indépendance :
« Nous avons connu les ironies, les insultes, les coups que nous devions subir matin, midi et soir parce que nous étions des nègres ».
radiookapi.net/CC
Un accord de paix a été signé ce vendredi 27 juin à Washington entre la République démocratique du Congo et le Rwanda. Il prévoit notamment le retrait des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) du territoire congolais, dans le but de mettre un terme à un conflit qui dure depuis plusieurs décennies dans l’Est du pays.
À Kinshasa, les réactions sont partagées. Plusieurs citoyens interrogés expriment leur scepticisme, malgré l’espoir suscité par cette initiative.
« C’est une bonne chose, et c’est ce qu’on attendait tous. On espère que, cette fois-ci, ça va marcher, parce que ce n’est pas la première fois. Nous voulons une paix réelle et durable, pas seulement sur papier », a confié Survie Sakina à ACTUALITE.CD
Même sentiment de prudence du côté de Bienvenue Mufaume, jeune entrepreneur basé à Kinshasa.
« On est à la fois contents et inquiets. On se pose beaucoup de questions, surtout sur la situation des groupes armés comme l’AFC/M23, qui réclament un dialogue depuis un moment. Apparemment, ils ne sont pas concernés par l’accord de Washington. C’est ça notre inquiétude : les FDLR vont peut-être cesser le feu, mais pas les rebelles congolais », a-t-il expliqué.
Pour Patrick Makinga, l’accord signé reste incomplet.
« Il ne prend en compte que l’agression rwandaise, alors qu’il y a d’autres acteurs en conflit comme l’AFC/M23. Je pense qu’il sera difficile pour ces groupes de cesser le feu puisqu’ils n’ont pas été associés à cet accord », a-t-il estimé.
Il convient de rappeler que des pourparlers entre le gouvernement congolais et le M23 sont en cours à Doha, au Qatar, depuis le 9 avril dernier. Ces discussions, organisées sous médiation discrète des autorités qataries, visent à trouver une solution pacifique au conflit armé dans l’Est de la RDC, où les Forces armées de la RDC (FARDC), appuyées par les Wazalendo, affrontent régulièrement les rebelles de l’AFC/M23.
Haradie Moza (Stagiaire)
Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, salue la signature le 27 juin à Washington, de l’accord de paix entre les gouvernements de la République démocratique du Congo et de la République du Rwanda, facilitée par les États-Unis.
« Cet accord constitue une étape importante vers la désescalade, la paix et la stabilité dans l’est de la République démocratique du Congo et dans la région des Grands Lacs. Je félicite les États-Unis pour leur rôle de chef de file dans la facilitation de ce processus, en coordination avec l’État du Qatar et le Médiateur de l’Union africaine, Faure Gnassingbé du Togo. Je salue les contributions des cinq co-facilitateurs désignés par la Communauté d’Afrique de l’Est et la Communauté de développement de l’Afrique australe », indique la déclaration.
Il exhorte les parties à respecter pleinement les engagements qu’elles ont pris dans le cadre de l’Accord de paix et conformément à la résolution 2773 du Conseil de sécurité, y compris le cessez-le-feu et l’ensemble des autres mesures convenues.
Les Nations Unies, y compris par l'intermédiaire de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), restent pleinement engagées à soutenir la mise en œuvre de l’accord, en étroite coordination avec l’Union africaine, les partenaires régionaux et internationaux.
Depuis le début de l’année, les régions de l’est de cette nation d'Afrique centrale connaissent une nouvelle escalade de violence. Le M23, groupe armé soutenu par le Rwanda, a lancé une offensive dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, où il a occupé eux principales métropoles, Goma et Bukavu.
Coïncidence du calendrier, le Conseil de sécurité de l'ONU s’est réuni, vendredi, pour faire le point sur la situation. À cette occasion, la Représentante spéciale de M. Guterres en RDC, Bintou Keïta, a elle aussi salué l'accord comme « une avancée significative vers la fin du conflit », tout en appelant à préserver la cohésion nationale par « un climat de tolérance » et un dialogue inclusif.
radiookapi.net/CC
Le chef de l'État Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo est revenu, dans son allocution en marge du 65 ans de l'accession de la RDC à son indépendance, sur les atrocités dont font l'objet depuis plusieurs décennies les populations congolaises vivant dans l'Est du pays.
À ce sujet, le Président Tshisekedi a déclaré que le Gouvernement de la Réublique va continuer à exiger que justice soit rendue aux victimes des atrocités dans l'Est de la RDC, et que leurs auteurs répondent de leurs actes, malgré l'accord de paix signé avec le Rwanda.
L'occasion faisant bien son larron, le chef de l'État Félix Antoine Tshiseki Tshilombo a, au nom du peuple congolais, exprimé sa profonde gratitude aux États-Unis d'Amérique, pour leur engagement déterminant en faveur de la paix.
"Nos remerciements les plus sincères vont au Président Donald Trump, pour son implication personnelle dans ce processus de pacification porteur d'expérience. Son leadership a permis de réunir les parties autour d'une vision commune", a déclaré Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo.
À l’occasion du 65e anniversaire de l’indépendance de la RDC -République démocratique du Congo-, le Président Félix Tshisekedi a prononcé un discours solennel, dans lequel il a souligné que l’indépendance, conquise en 1960, ne devait pas être perçue uniquement comme un événement du passé, mais comme un «cap vers l’avenir».
«L’indépendance que nous commémorons aujourd’hui n’est pas seulement une conquête du passé, elle est surtout un cap pour l’avenir; elle est un projet vivant, un idéal à construire chaque jour», a déclaré le chef de l’État, lors de son allocution.
Dans un ton à la fois rassembleur et résolument tourné vers l’avenir, le Président a appelé les Congolais à faire face aux défis actuels, parmi lesquels figurent non seulement les menaces sécuritaires, mais aussi les injustices sociales, le tribalisme, les divisions internes et l’insécurité.
«Le peuple congolais aspire à un pays de paix, de justice et de dignité, un pays où l’on veut et où l’on peut vivre sereinement, travailler avec honneur et offrir à chaque enfant congolais la liberté de rêver grand, sans peur ni entrave», a-t-il affirmé.
Dans un contexte marqué par des tensions régionales et des divisions politiques internes, le Président a lancé un appel clair à dépasser les clivages. «Il est temps de transcender nos clivages, de rejeter les discours de haine et les manipulations, et de faire de notre diversité une force», a-t-il exhorté.
«Notre unité n’est pas une option. Elle est une condition de survie», a-t-il conclu.
Gloire Balolage
Les chansons « Indépendance cha-cha et Table Ronde », enregistrées durant la Table ronde de Bruxelles où se décida l’Indépendance de la République démocratique du Congo (RDC) en 1960, ont été inspirées d’un rêve des Congolais de célébrer la sortie du joug colonial, avant leur adoption à ce jour par le continent africain.
Après plus de 80 ans de paternalisme belge, le Congo devenait un pays souverain à l’instar d’autres pays d’Afrique.
« La Table ronde de Bruxelles a contribué à l’écriture d’une anthologie des chansons comme +Indépendance cha-cha, Table Ronde, Maonso, Sentiment emonani+, composées pour célébrer la rupture avec la colonisation » , a expliqué à l’ACP Audidax Bemba, opérateur culturel congolai
Après la conférence de la Table ronde qui avait fixé les modalités de l’émancipation du Congo belge, « Indépendance cha-cha », improvisée par Grand Kallé et son orchestre, s’est imposée comme l’hymne panafricain des indépendances. Que des pays du continent reprennent en refrain la chanson lors de leurs anniversaires d’Indépendance respectifs.
Cette chanson est bâtie sur un style vocal dans lequel le chanteur s’exprime par l’intermédiaire des syllabes ou d’onomatopées, technique maîtrisée par les grands chanteurs de jazz, a fait remarquer le spécialiste.
Dans cette rencontre de deux ténors congolais, anciens sociétaires de la Chorale Saint Joseph de Léopoldville (Kinshasa), Joseph Kabasele (Kallé) et Victor Longomba (Vicky) en janvier 1960, l’orchestre African-Jazz a lancé l’ère véritablement moderne de la Rumba sur fond de la musique congolaise et d’harmonisation des voix.
Les enregistrements de l’African-Jazz à la Table ronde de Bruxelles ont scellé une identité et une balance définitives de la musique congolaise avec une apparition du mi-composé de la guitare d’accompagnement par Charles Mwamba Déchaud, et de la guitare solo de son jeune frère Docteur Nico Kasanda.
C’est dans cette optique que la rumba congolaise va désormais jouer un rôle significatif dans la construction de la souveraineté de la RDC.
En tant que symbole de l’unité et de l’identité nationale, la rumba a toujours été utilisée comme un vecteur de fierté et de résistance culturelle face à la colonisation, culminant avec l’hymne de l’indépendance, « Indépendance Cha Cha ».
Elle a pris son essor à Léopoldville, capitale du Congo belge, dans les années 1950-1960. Ce style musical aux mélodies agrémentées de textes en langue lingala puise ses sources dans les rythmes cubains, cha-cha-cha, rumba, charanga, arrivés par le fleuve Congo au début du siècle dans le sillage des échanges transatlantiques.
Les missionnaires fustigeaient les établissements nocturnes associés à la dépravation des mœurs et les noctambules qui s’abreuvaient de loisirs réservés à la minorité européenne. C’est dans ce contexte que la rumba s’est enracinée avec l’enregistrement de « Marie-Louise », le premier tube de la musique congolaise.
La rumba congolaise a intégré le patrimoine immatériel de l’humanité fin 2021, un signe de l’importance de ce style musical dans l’histoire des musiques mondiales.
ACP/CC
Le peuple congolais, mobilisé comme un seul homme derrière son Chef de l’Etat, Félix Tshisekedi pour vaincre l’agresseur rwandais, est invité à commémorer dans un climat de compassion à l’égard des populations de l’Est fortement éprouvées, le 65eme anniversaire de l’Indépendance de la République démocratique du Congo (RDC), son pays, acquise le 30 juin 1960.
Soixante-cinq ans après, malgré ses richesses naturelles tant convoitées à l’extérieur sans répit, le Congo reste encore l’un des pays les plus pauvres de l’Afrique.
Des efforts gigantesques sont désormais consentis par le gouvernement confronté au conflit dans l’Est du pays, pour tenter de relever la tête de ce géant situé au cœur du continent africain.
L’espoir est permis grâce à la détermination des autorités congolaises. Rien n’est impossible même si la tâche d’y parvenir est titanesque. La chaleur qui se dégage à travers l’engagement de Kinshasa est donc un gage de réussite.
C’est donc dans un contexte de tristesse que l’Indépendance du Congo est commémorée ce jour, laquelle proclamée jadis à Léopoldville (Kinshasa) dans un climat de frustration du côté belge face au discours ‘improvisé » de Patrice Lumumba et jugé offensant par Bruxelles, était fêtée dans une liesse populaire aux premières heures de l’événement.
Mais la fête allait vite tourner au cauchemar avec la mutinerie de la Force publique, la fuite en masse des Blancs, la sécession du Katanga, suivie de celle du Sud-Kasaï, bref une tentative de balkanisation du jeune Etat en pleine guerre froide Ouest/ Est.
Depuis lors, un pays n’aura connu autant d’explosions de partout, de sécessions, des rébellions à répétition, des guerres civiles, des conflits communautaires, des groupes armés, des assassinats, des tueries, des déplacés de guerre, des violences et des dérives autoritaires que le Congo, depuis plus de six décennies.

Succession d’événements dramatiques
Des experts et analystes des questions congolaises depuis la date du 30 juin 1960, soulignent avec tristesse que » tout le monde savait qu’il y aurait un peu d’improvisation pendant les premiers temps de l’indépendance. Il était clair que tout n’allait pas se passer le plus simplement du monde.
Mais, de là à penser que durant les six premiers mois de son existence, le Congo allait connaître une grande mutinerie dans l’armée, une fuite massive des Belges, une intervention militaire des Nations Unies, le soutien politique de l’Union soviétique, une phase d’extrême tension de la guerre froide, une crise constitutionnelle sans égale, deux sécessions portant sur un tiers de son territoire et par-dessus le marché le sort réservé à son Premier ministre, qui allait être fait prisonnier, s’enfuir, être rattrapé, torturé et tué, non tout cela, vraiment personne ne l’avait prévu ».
En 1960, il n’y avait que trois (3) universitaires noirs dans la Fonction publique contre plus ou moins 4.900 Blancs. Conséquence de l’adage belge, « Pas d’élite pas d’ennuis ». Après l’exode des Blancs, en 1960, l’administration s’est donc retrouvée décapitée à l’époque.
Taxé à tort ou à raison de « communiste » pendant cette période marquée par la guerre froide, Lumumba sera traqué de partout.
Pour l’éliminer, vont se regrouper toutes les forces qui, depuis un an, s’entredéchirent dans un Congo écartelé entre un passé nié, un futur à inventer et un passé qu’on lui arrache : l’ONU et ses casques bleus, l’Union minière du Haut-Katanga et ses capitaux, l’Europe et ses experts, l’Amérique et ses conseillers, la Belgique et ses mercenaires, l’Afrique, ses tribus et ses faux frères.
Le 17 janvier 1961, ils sont tous là, autour de la villa déserte à Elisabethville, dont Lumumba traqué, vaincu, ne sortira plus. Son cadavre a été dépecé et dissous dans l’acide et les restes jetés dans un puits désaffecté d’une mine de cuivre.
Ce film des événements des premières heures de l’indépendance du Congo est terrifiant et mérite d’être même appréhendé pour nos générations présentes et futures.
Tous les Présidents qui se sont succédé à la tête de l’Etat ont tous vécu le drame du Congo, y compris aujourd’hui le 5eme Président Félix Tshisekedi, qui, à peine arrivé au pouvoir en 2018, se retrouve vite confronté à une multitude de groupes armés à l’Est du pays où le Rwanda revient à nouveau à la charge pour agresser le Congo sous le label du M23, dans le seul but d’exploiter illicitement les richesses minières congolais.
Au regard de tout cela, le cynisme, la provocation et l’injustice des uns et des autres ne réussiront jamais à briser l’élan nationaliste d’un peuple uni et déterminé derrière son Président pour défendre l’unité nationale, l’intégrité territoriale et l’indépendance du Congo, un héritage éternel pour les Congolais et Congolaises. Les crimes de guerre commis sur le sol congolais seront un jour jugés et engloutiront les bourreaux.
ACP/CC
Le 30 juin 2025, la République démocratique du Congo a célébré le 65ème anniversaire de son Indépendance, dans la méditation. Et pour cause : il s’avère que 65 ans après son Indépendance, le pays peine toujours à décoller pour amorcer un développement durable en dépit de ses immenses potentialités qui attirent des envies de par le monde.
Selon des spécialistes, des facteurs d’ordres historique, politique, économique et social sont identifiés comme étant les principaux obstacles au décollage de ce géant d’Afrique.
Au plan historique, l’on met en cause l’héritage colonial et postcolonial. La Belgique, ancienne puissance coloniale, est accusée d’avoir laissé un pays sans infrastructures solides et sans une élite locale formée.
L’après-indépendance s’est caractérisée par des crises politiques majeures : sécessions katangaise et kasaïenne pilotées respectivement par Moïse Tshombe et Kalonji Ditunga qui s’était autoproclamé ‘’empereur’’ ; des mutineries au sein de la Force Publique (Armée) ; assassinat du tout premier Premier ministre Patrice Emery Lumumba sans oublier les rebellions de Sumialo et Gbenye appuyées par le mercenaire Jean Schrame dans la partie orientale du pays.
Il va sans dire que ces différents évènements ont, à ne point douter, entravé lourdement la construction du jeune Etat fraichement libéré de la domination.
Et comme si cela ne suffisait pas, à partir des années 1990, le pays est à nouveau le théâtre des conflits armés particulièrement dans sa partie Est. Des guerres qui ont causé et continuent à causer des millions de morts, provoqué des déplacements massifs des populations.
Outre la destruction des infrastructures construites péniblement, ces guerres désarticulent tout le tissu économique, compromettant tout développement économique et social. Il en est de même concernant l’insécurité chronique provoquée par de centaines de groupes armés dans ces provinces et qui favorise l’instabilité économique et sociale des populations obligées de reprendre la vie à zéro à chaque déplacement forcé.
Un autre frein au développement a pour nom la mauvaise gouvernance caractérisée par des détournements à grande échelle etle manque de transparence dans la gestion des ressources naturelles.
L’insuffisance des infrastructures routières essentielles à la circulation des biens et des personnes, de l’électrification, des télécommunications et des services de base amène à l’isolement de nombreuses régions du pays et nuit non seulement à leur développement économique mais aussi à l’intégration nationale.
La situation économique se caractérise par une économie peu diversifiée et trop dépendante du secteur minier, à travers les exportations du cuivre, cobalt, or et autres. Ce qui explique en grande partie la faible industrialisation locale, le peu d’emplois formels et un développement rural au ralenti alors que l’agriculture mérite de constituer une priorité.
Concernant l’éducation et la santé, avec un système éducatif et sanitaire sous-financé, le résultat ne peut-être que peu flatteur en termes d’éducation de qualité et des soins de santé attendus.
Enfin, l’instabilité politique observée à travers des transitions politiques à répétition, les retards dans l’organisation des élections dénotent l’absence d’une vision nationale cohérente à long terme et en est un autre obstacle.
Tous ces différents défis interconnectés forment un cercle vicieux que seuls des changements profonds contenus et concertés peuvent briser.
Mais en dépit de ces nombreuses pesanteurs qui jonchent son parcours vers le développement, la RDC dispose d’un potentiel considérable : une jeunesse dynamique, des ressources et une position géostratégique qui la prédisposent à un avenir radieux.
Des réformes profondes, une gouvernance transparente et une stabilisation politique, sont essentielles si pas indispensables pour amorcer un véritable décollage. Il y a donc un avenir à construire.
ACP/CC