Décomplexer la scène théâtrale concentrée au centre-ville et faciliter l’accès à la chose culturelle dans la cité, telle est l’idée du festival porté par Kessy Apendeki, metteure en scène et ressortissante de l’Institut national des arts (INA).
« Il existe des festivals de théâtre mais trop focalisés au centre-ville. On oublie les racines qui sont nos communes. L’histoire commence dans son pays et on doit respecter notre travail dans notre pays avant qu’il le soit ailleurs », a-t-elle dit, à ACTUALITÉ.CD, lors de la soirée de clôture.
Habitante de Lemba, elle donne l’exemple en mettant en place ce festival qui s’organise dans sa propre commune. L’idée est aussi de faire comprendre ce qu’est le théâtre qui, du reste, se tient généralement dans une salle en présence d’un public. Différemment de certains programmes de télévision appelés abusivement Théâtre au lieu de télé-dramatique
Trois spectacles, trois messages
Le premier spectacle, intitulé “Ma robe blanche”, s’est attelé à raconter une réalité, celle de l’amitié. Une relation ou deux jeunes filles se côtoyaient mais une seule raconter plus sa vie à l’autre qui est finalement devenue jalouse. Elle profitera de la naïveté de sa copine pour l’assassiner et cela la veille de son mariage.
« De nos jours, les amis se trahissent entre eux. Je dirais qu' il faut être plus sage. Même quand il y a quelque chose à raconter, le message doit passer sagement. On ne connaît pas le cœur de l’homme », a souligné Divine Mbela, comédienne qui a joué le rôle principal de la pièce.
Le deuxième spectacle, intitulé “Solution humaine”, a un caractère biblique tant l’histoire qu’il raconte est inspirée en grande partie de celle de Sarah, épouse d’Abraham. En effet, un incrédule se plaisait de ne pas croire au miracle et à l’existence d’une force supérieure qu’est Dieu. Il a fini par s’incliner lorsque la femme très âgée a donné naissance à un enfant.
C’était aussi une manière d’expliquer les deux voix intérieures qui parlent à l’homme, explique les comédiens ayant joué la pièce. Celle qui pousse vers le mal et l’autre vers le bien. Une domine à chaque fois qu’un acte est posé.
Le troisième spectacle est une histoire vraie de Kessy Apendeki. Elle se passe dans le village Kumbasa. Le voyage en province, par voiture, est teinté de plusieurs réalités parfois tristes. Pour ceux qui viennent des villes, la réalité est tout autre dans ce qui est appelé travail et leur conception de sorcellerie les rattrape et ne facilite pas leur intégration.
Une femme s’en est allé en voyage pour retrouver son mari en province, en RDC. Mais son parcours était plein de péripéties dont certaines liées aux habitudes kinoises qu’elle n’a pas retrouvé au village. Mission qu’elle n’accomplira pas à cause de certaines difficultés avec la famille.
Le comédien principal de la pièce, Patrick Tshikangu, voit en ce spectacle une interpellation et une interrogation de la démarche vis à vis de soi-même par rapport à la société et vis à vis du monde.
« On a relevé un fait. Les kinois consomment ce qui vient de l’intérieur mais ont tendance à minimiser les villageois. Or, on ne peut évoluer qu’en étant ensemble. Le Kinois, c’est la bureaucratie, l’intellectualisme et le villageois, c’est le travail qui permet aux Kinois de se ravitailler en nourriture. Il faut une collaboration entre les deux », a-t-il dit.
Les trois (3) représentations théâtrales se sont faites dans la grande salle du centre culturel de Lemba. Principalement en français, elles n’ont pas manqué d’emprunter dans les langues nationales congolaises. Quasiment seuls, à deux ou à plusieurs, les comédiens ont assuré les spectacles de ces trois (3) jours.
Manifestant sa satisfaction, l’organisatrice et metteure en scène, Kessy Apendeki, qui est même l’auteure des textes joués, a annoncé la tenue de la deuxième édition en juin 2023, sans préciser le lieu qui, visiblement, ne sera plus le même.
Emmanuel Kuzamba