Le 26 mai 2020, le meurtre du juge Raphaël Yanyi Ovungu, qui présidait les audiences du procès médiatisé de Vital Kamerhe, secoua la République démocratique du Congo.
Trois ans plus tard, l’affaire est entourée de mystères et d’incohérences, laissant la famille du magistrat et l’opinion publique dans le doute quant à la version officielle des événements.
Le procès des 100 Jours visant à juger Vital Kamerhe pour détournement de fonds publics, avait captivé l’attention nationale. Raphaël Yanyi, par sa sérénité et sa rigueur, était devenu le symbole d’une justice en quête de réhabilitation. Cependant, le 26 mai 2020, au lendemain de la deuxième audience, ce symbole fut tragiquement brisé.
La nuit du drame
Selon la version fournie par le colonel Miguel Bagaya, chargé des opérations de la Police nationale congolaise, Raphaël Yanyi a été victime de malaises vers 2 heures du matin le 27 mai 2020. Transporté au centre hospitalier Nganda par sa famille, il succomba peu de temps après. Dans les heures qui suivirent, Bagaya déclara que le juge était décédé d’une crise cardiaque. Mais rapidement, les rumeurs se propagèrent dans la capitale, évoquant des circonstances beaucoup plus sinistres.
Révélations troublantes et enquête ouverte
En mi-juin, le ministre de la Justice, Célestin Tunda, révéla que le magistrat était mort des suites d’une hémorragie intracrânienne causée par un traumatisme cranio-encéphalique. L’autopsie montra que Raphaël Yanyi avait reçu des coups à un endroit très sensible du crâne, provoquant une coagulation du sang, principal facteur de sa mort. Cette découverte choqua la nation et conduisit à l’ouverture d’une enquête judiciaire.
Malgré l’enquête, de nombreuses zones d’ombre persistent. Comment le juge, sous la protection de six policiers depuis le début du procès, a-t-il pu être agressé sans que personne ne le constate? Pourquoi ces blessures n’ont-elles pas été immédiatement signalées par son entourage? Les incohérences de l’enquête et les silences qui entourent cette affaire continuent de semer le doute.
Quatre ans après sa mort, le mystère demeure entier. Les nombreuses ONG de droits humains qui s’étaient initialement indignées de ce décès suspect semblent désormais avoir relégué cette affaire aux oubliettes. L’indignation de circonstance a laissé place à une résignation amère.
Le meurtre du juge Raphaël Yanyi reste une blessure ouverte pour la justice congolaise et un rappel tragique des défis persistants pour la transparence et la vérité en RDC.
Décryptage avec LePotentiel